La Grande Veuve
(Alma Malher)
Elle a vécu le déclin de l’Empire Austro-Hongrois, la montée du nazisme et finalement l’exil. Aux bals, fêtes viennoises et champagne – plus tard ce sera la bénédictine – ont succédé l’errance, la vieillesse et la solitude. Alma, dans son appartement new-yorkais de deux pièces, vieille et alcoolique, glisse doucement vers la folie et la mort, au rythme des souvenirs et des apparitions qui ont jalonné son existence.
Bien qu’elle ait perdu ses amis, ses amants, ses maris et trois de ses enfants, sa vie n’est pas qu’un champ de désolation, elle a été éclairée par d’innombrables et brûlants instants de bonheur. C’est elle qui le dit. Élue et exclue, admirée et détestée, elle connaît la gloire et le rejet, l’adulation et l’indifférence. Alma est double, faite de noir et de blanc, des couleurs qui chez elle ne se mélangent pas. Elle assume, elle encaisse, ce n’est pas une âme grise.
Le côté obscur de la forte et intrépide Alma la montre obsédée par le sexe et le souci de paraître, lui faire dire des horreurs sur les Juifs, ne pas savoir qui est le père de ses enfants.
Son côté lumineux la présente belle, intelligente, cultivée et spirituelle, épousant deux Juifs et permettant à l’un d’eux d’échapper au camp de concentration. On la traite de femme fatale, ogresse, nymphomane, ambitieuse, opportuniste, walkyrie enflée buvant comme un trou. Inversement on en fait une idole, une muse cultivée, une grande dame, on la compare à un sphinx.
La Grande Veuve, comme l’appelait Thomas Mann, a deux amours : la musique et les hommes. Celle-là ne lui apportera pas la reconnaissance qu’elle mérite et elle aimera ceux-ci dans la mesure où elle peut déceler en eux du talent, ou pour le moins une carrière prometteuse. Ses amants seront des personnages en vue, des peintres célèbres, ses trois maris un grand compositeur, l’architecte du Bauhaus et un écrivain de renom. Alma est femme de génies.
Témoignages
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